Sunalizo vient d’un mot rare du Nouveau Testament (Actes 1:4), συναλίζω (sunalízō), qui signifie « être ensemble dans le sel », « partager le sel en commun ».

Dans les Écritures, le sel n’est jamais seulement un goût :
il est l’alliance, la vérité partagée, la fidélité et le feu vivant qui conserve la parole de Dieu à travers les âges.


(…) «  Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde ».
cette exhortation vient immédiatement après le récit des Béatitudes, ce qui signifie que ceux qui font des Béatitudes le programme ou la charte de leur vie, sont appelés à une responsabilité réelle et présente, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas à devenir sel de la terre et lumière du monde, mais ils doivent être ici et maintenant pour d’autres qui n’ont pas un tel programme….


N’oublions jamais que cet enseignement, que nous appelons le Sermon sur la Montagne, commence par le levain de l’Évangile, les Béatitudes… Et que ce levain est là pour nous apprendre qu’il y a un temps pour recevoir et un temps pour donner. Le ferment fait lever la pâte dans un feu de fermentation… c’est la première transformation, celle du feu intérieur. Ensuite, cette pâte levée sera retransformée en pain par le feu du four, le feu de friction pourrait-on dire, c’est-à-dire par le feu extérieur…
Tout se résume donc à une histoire de feu et de feu qui doit prendre…


« Vous êtes le sel de la terre.
La vie peut et doit être savoureuse. Une pincée de sel dans la soupe ne suffit donc pas… La terre, dans ses profondeurs, peut être savoureuse si, comme celle de la Palestine d’autrefois, nous savons la cultiver, la rendre fertile… En Galilée, comme dans tout le Proche-Orient, au temps de Jésus, on prenait le sel et on l’enfouissait dans les profondeurs de la terre, avec la paille, avec le chaume après la moisson ou avec la litière des animaux. De cette façon, la paille ne se desséchait pas, mais devenait du fumier et de l’engrais, fertilisant le sol. Avec l’action du sel, elle rendait la terre fertile… Le feu fermenteur qui transforme….. « Vous êtes le sel de la terre « … “ Le sel de la terre Le ” sel de la terre » dont parle Jésus, c’est celui qui se dissout dans la terre et qui apporte alors aux yeux de l’agriculteur l’espérance des récoltes futures. Le « sel de la terre » dont parle Jésus, c’est celui qui aiguise le goût de la vie grâce au feu intérieur…
En Galilée, il y a très peu de bois… et à l’époque de Jésus, dans les villages, le combustible le plus courant pour cuisiner était souvent la bouse des ruminants… Mais cela brûle mal. C’est pourquoi le rituel de l’holocauste explique que les victimes doivent être « salées » pour le feu (Ez. 43,24. Lev. 2,13). Ce n’est pas pour le goût, mais pour que cela brûle avec moins de bois. C’est ce que nous dit Marc lorsqu’il explique que « chacun doit être comme du sel pour le feu ». (Marc 9, 49). Être le feu extérieur… Lorsque ces plaques de sel perdent leurs propriétés après avoir brûlé et deviennent inefficaces, elles sont alors jetées dehors avec les cendres et les passants marchent dessus en les piétinant…
« Vous êtes le sel de la terre.
Comme le sel qui doit conserver son pouvoir catalytique pour que la paille fermente et devienne engrais, comme le sel qui doit conserver son pouvoir catalytique pour que le feu brûle bien, nous, disciples de Jésus, devons conserver nos qualités tout en étant dans la masse. Mais nous savons que lorsque nous sommes perdus dans la terre, nous pouvons finir par perdre pied, d’autant plus lorsque nous réalisons que les autres, ceux qui ne sont pas chrétiens, nous ressemblent profondément. Nous avons tous les mêmes limites, les mêmes angoisses, le même désir de paix, la même soif d’amour, les mêmes impasses. Humains parmi les humains, nous réalisons que nous n’avons rien de plus que les autres, ni rien de moins. De plus, nous constatons chaque jour que certaines personnes ont décidé d’abandonner le nom de Jésus pour se rapprocher de ce qu’elles croient être la vérité, c’est-à-dire pour se conformer simplement à une certaine forme de bien-pensance contemporaine….. 

Mais si notre foi, si la foi chrétienne s’estompe et se dilue dans l’esprit du siècle présent au point de n’être plus qu’un élément respectable, pourquoi pas indispensable, mais du même ordre que les autres éléments de la culture contemporaine, ce n’est pas la foi au Christ qui est en cause. La foi au Christ ne peut être altérée. La foi au Christ incarne une exigence qui ne peut être dénaturée. Et si tel est le cas – les aléas de l’expression, la perte de son pouvoir catalytique – alors la question que Jésus nous pose prend tout son sens :  » Si le sel se dénature, comment peut-il redevenir sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette et on le foule aux pieds ». Si le sel est dénaturé, si le chrétien perd son pouvoir de catalyseur pour être comme tout le monde, alors le nom de chrétien n’est effectivement plus bon à rien. 

Nous pourrions tout aussi bien le jeter et le piétiner…

Nous sommes ceux qui choisissent de partager ce sel.
Pas pour construire des empires, ni pour élever des trônes,
mais pour être une simple table vivante,
où la parole de vérité circule librement, où la communion est plus forte que l’autorité,
où le feu de l’Esprit éclaire sans dominer.

Nous croyons :

  • Que l’Église véritable est l’assemblée des cœurs unis dans le Christ,
    et non une institution de pouvoir.
  • Que nul homme n’est maître sur son frère, car un seul est notre Maître : le Christ.
  • Que l’alliance est vivante : elle se tisse à travers le partage du pain, du sel, de la parole, et de la prière.
  • Que le Royaume de Dieu n’appartient pas aux puissances de ce monde, mais se construit en secret, comme un feu doux, dans l’humilité, la résistance et l’amour.

Sunalizo, c’est :

  • Un lieu de partage sacré, sans hiérarchies, sans domination.
  • Une fraternité libre, fidèle à la Parole, fidèle à la croix du Christ.
  • Une alliance silencieuse, mais brûlante — pour vivre, servir, et témoigner, sans céder à l’orgueil des royaumes humains.

Nous ne cherchons pas à régner.
Nous ne cherchons pas à convaincre par la force.
Nous voulons seulement partager le sel et marcher ensemble.